La France abat ses atouts Cœur

markiertes herz368-369 – La fin de l’année 2013 s’est illustrée par deux « premières » cardiologiques françaises qui ont fait parler d’elles : la première implantation mondiale d’un cœur artificiel « français » et l’implantation en France d’un stimulateur sans sonde. Par ces temps de morosité ambiante, ce « cocorico » médical met du baume au cœur, n’est-ce pas ?

La première, chronologiquement parlant, s’est déroulée au CHU de Grenoble où le Dr Pascal, responsable de l’unité de rythmologie, a implanté sur le premier patient français le pacemaker intracardiaque sans sonde Nanostim conçu par la société St. Jude Medical. Le patient, âgé de 77 ans, présentait une bradycardie sinusale et souffrait également d’asystoles. L’intervention a duré 30 minutes et le patient est rentré chez lui 48 heures après.

Dix fois plus petit qu’un stimulateur cardiaque classique, Nanostim n’a pas besoin d’être connecté à une sonde et il a été conçu pour pouvoir être recapturé si nécessaire et repositionné sans difficulté pendant la procédure d’implantation, ou retiré ultérieurement. C’est par cathéter qu’il est implanté en position intracardiaque. Il est programmable avec le programmateur de St. Jude Medical qui est aussi utilisé pour interroger et programmer les autres stimulateurs produits par la société. « Cette technologie est une étape majeure dans l’histoire de la stimulation cardiaque, puisqu’elle a été développée pour réduire le risque de certaines des complications que nous observons avec les stimulateurs conventionnels », explique le Dr Defaye dans un communiqué de St. Jude Medical, qui précise également que la durée de vie moyenne de la batterie prévue est de plus de neuf ans à 100 % et de plus de 13 ans à 50 % de stimulation.

« C’est une innovation de rupture », commente le Dr Arnaud Lazarus, rythmologue à la clinique Ambroise Paré (Neuilly-sur-Seine). Selon lui, Nanostim concerne un tiers des patients potentiellement concernés par un stimulateur simple chambre.

La deuxième « première » a eu lieu quelques jours avant Noël à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP), et plus qu’une étape majeure, constitue une révolution dans le domaine de la chirurgie cardiaque, puisqu’il s’agit de la première implantation mondiale d’un cœur artificiel capable de mimer le cœur naturel « par sa taille, le choix des matériaux de structure et ses fonctions physiologiques inédites ».

Une merveille technologique

Cette merveille technologique est le fruit de deux expertises hors pairs : celle du Pr Alain Carpentier, mondialement reconnu notamment pour son invention des valves cardiaques Carpentier-Edwards, les plus implantées au monde, et l’expertise technologique d’EADS, leader mondial de l’aéronautique, la société française Carmat ayant été créée spécialement pour développer le cœur artificiel bioprothétique.

L’implantation a été réalisée par le Pr Christian Latrémouille sur un patient de 75 ans qui souffrait depuis longtemps d’une insuffisance cardiaque qui avait atteint un stade terminal. Trente jours après l’intervention, il se portait bien, « sans aucun problème de prothèse, l’un des critères de succès pour l’opération », a précisé le Pr Latrémouille lors des 24es Journée Européennes de la SFC. Il a également indiqué que la sélection des trois prochains patients « implantables » était en cours. En septembre dernier, l’autorisation a été donnée par les autorités françaises à trois centres pour la réalisation de l’essai clinique du cœur artificiel : l’HEGP (Paris), le centre chirurgical Marie Lannelongue (Plessis-Robinson, 92) et le CHU de Nantes.

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