Le numérique en santé, le temps des paradoxes

Par Vincent Pradeau.
Président du Syndicat national des cardiologues. 

Nos activités personnelles – jusqu’aux plus intimes– sont de plus en plus facilitées ou même régies par des applications numériques. Il en va de même en cardiologie : imagerie tridimensionnelle échographique, reconstruction des images de scanner ou d’IRM , logiciel de strain, interprétation des holters, recours à un système de cartographie pour l’ablation, modélisation des actions du chirurgien avant de les implémenter dans un système robotique, télésurveillance des patients, recherche bibliographique, publication via des bases de données… : notre activité professionnelle s’appuie tous les jours sur l’utilisation du numérique, des big datas et de puissants calculs d’algorithmes.

Paradoxalement, la situation est restée figée dans l’activité clinique au quotidien, par exemple pour la prise de rendez-vous, l’échange sécurisé d’informations, la dématérialisation des prescriptions, l’aide à la décision.

Le Ségur du numérique a impulsé une dynamique nouvelle en imposant un cahier des charges aux éditeurs de logiciel, en créant l’espace numérique de santé pour chaque patient et en imposant une interopérabilité pour les messageries sécurisées et les applications en santé. 

Résultat : un gain de temps pour récupérer des comptes-rendus hospitaliers ou les bilans biologiques ou pour obtenir des éléments médicaux quand un patient arrive les mains vides. Ce n’est pas fini. Demain avec Pro Santé Connect, la e-CPS et la e-Carte vitale permettront de dématérialiser les prescriptions.

Ces évolutions induisent souvent une nouvelle organisation au sein des cabinets. Des formations dédiées seront organisées par FormatCœur au dernier trimestre.

Une révolution plus profonde approche, avec par exemple l’expérimentation menée par Google sur un robot conversationnel intelligent dont l’une des premières applications est de renseigner et orienter au mieux les patients.

Cela ouvre des applications rapides dans la gestion et la prise de rendez-vous. Nabla, un assistant pour la consultation, permet de la transcrire et de générer automatiquement le compte-rendu sans approcher d’un clavier. Idem pour les examens complémentaires. De nombreux éditeurs de logiciels travaillent sur un vrai système expert d’aide à la décision, etc.

La commission numérique du SNC assure une veille constante sur ces champs pour que les cardiologues puissent être les premiers informés de ces nouveautés.

Avec l’effervescence du numérique en santé, la valeur ajoutée médicale résidera plus que jamais dans la prise de décision et la responsabilité qui en découle, et dans le rôle de médiation avec le patient. Ce sont ces éléments qui doivent être mis en avant, pas une technologie X qui n’existait pas hier et qui sera obsolète demain. Le reste, c’est de la logistique et « l’intendance suivra » aurait dit de Gaulle.

Cardiologiquement & Numériquement Vôtre

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