Manifestations et reculades

Les médecins ont manifesté mardi à l’appel des syndicats. Leur mobilisation semble porter ses fruits..

Environ 5I000 médecins ont manifesté ce mardi 14 février à Paris, répondant à l’appel d’une quinzaine d’organisations syndicales. Si les libéraux composaient l’écrasante majorité du cortège, les médecins hospitaliers n’en étaient pas absents pour autant.

Les négociations en sont-elles vraiment ?

La manifestation avait pour objectif de dénoncer la proposition de projet de loi (PPL)[1] de la députée Rist. Celle-ci prévoit l’accès direct aux consultations IPA en structure coordonnée et leur autorise la primo-prescription. Elle met également en place un « engagement territorial » des médecins et instaure leur responsabilité collective en matière de permanence des soins.

Outre l’opposition à cette PPL en cours d’examen au Parlement, la mobilisation des médecins visait également à protester contre la tournure prise par les négociations conventionnelles, en particulier les premières propositions de revalorisations (1,50 euro pour l’ensemble des médecins libéraux).

Front uni des médecins contre le PPL Rist

L’opposition à la PPL Rist a conduit les syndicats d’internes, SOS Médecins, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et des syndicats de praticiens hospitaliers à se joindre à la mobilisation des libéraux. Ce sont notamment les mesures prévoyant l’accès direct aux consultations IPA et la possibilité pour eux de réaliser les primo-prescriptions qui suscitent la colère des médecins.

Tous demandent le maintien du principe selon lequel nul ne peut exercer la médecine s’il n’est pas médecin. Celui-ci pose le diagnostic et élabore la stratégie thérapeutique en intégrant et coordonnant les autres catégories de soignants. Revenir sur ce principe reviendrait à entériner l’inégalité d’accès aux soins dans les territoires sous-dotés et met en danger la qualité et la sécurité des soins.

Prudence des pouvoirs publics

Lundi, on apprenait que le député Frédéric Valletoux retirait sa PPL sur la fin de la liberté d’installation… pour la réécrire.

Le ministre de la Santé a, quant à lui, estimé qu’une revalorisation de la consultation à 30 euros ne serait « pas absurde » (mais en incluant la notion d’engagement territorial). Le directeur général de l’Assurance-maladie, Thomas Fatome, appelle les syndicats à reprendre les négociations.

La mobilisation des médecins semble inciter les pouvoirs publics à la prudence. Encore faut-il qu’elle dure dans le temps et que la volonté de négocier existe bel et bien.

Nathalie Zenou

(1) La proposition de loi, ou PPL dans le jargon parlementaire, est un texte de loi déposé à l’initiative d’un ou de plusieurs parlementaires. La PPL n’est pas soumise à une délibération du Conseil des ministres ou à un avis du Conseil d’État.

© DR

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