Pathologies respiratoires du sommeil

Guide de bonnes pratiques pour le diagnostic, le traitement et le suivi des patients adultes

Ce document, volontairement simple, est le fruit d’une réflexion commune des Conseils Professionnels de Pneumologie et Cardiologie (1). Son but est de mettre à disposition des Cardiologues un guide de bonne pratique pour l’activité de dépistage et traitement du Syndrome d’Apnée Obstructive du Sommeil.  Il n’a rien de réglementaire ni de contraignant mais nous vous engageons  à vous l’approprier  pour que cette activité, qui se développe rapidement, le soit dans un cadre de qualité optimale.

Parallèlement, l’UFCV développe un partenariat avec CardioSleep pour proposer un cadre d’information, de formation et de DPC de qualité à ceux qui sont intéressés à s’impliquer dans cette pathologie nouvelle pour les cardiologues.

Ce document s’appuie sur les référentiels existants, et notamment :

Recommandations pour la pratique clinique du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil de l’adulte Société de Pneumologie de Langue Française SPLF 2010. (2)

HAS : rapport d’évaluation technologique : Place et conditions de réalisation de la polysomnographie de la polygraphie respiratoire et troubles du sommeil. Service évaluation des actes professionnels mai 2012

HAS : Evaluation clinique et économique des dispositifs médicaux et prestations associées pour la prise en charge du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) Volet médico-technique et évaluation clinique.

Évaluation économique et analyse des bases de données

(1) Membres du groupe de travail :

CNP cardiologie : Jean-Marc Davy, Guillaume Jondeau, Eric Perchicot, Vincent Puel

FFP CNP pneumologie : Frédéric Gagnadoux, Yves Grillet, Jean-François Muir, Bruno Stach

(2) La Société Française de Cardiologie était associée à ce travail.

 

1. FORMATION

Une formation adéquate constitue la condition indispensable pour la prise en charge des patients présentant des pathologies respiratoires du sommeil.

Qualité du prescripteur

Toute prescription de PPC doit être réalisée par un pneumologue ou par un médecin ayant suivi une formation spécifique dans la prise en charge des troubles du sommeil (HAS).

 

1.1 Formation initiale

1.1.1 Contenu de la formation :

– Aspect diagnostique : cette formation doit comprendre un aspect diagnostique des troubles respiratoires du sommeil (TRS) avec des notions de base de la physiologie du sommeil, de la connaissance des outils diagnostiques et de l’apprentissage à la lecture des enregistrements du sommeil.

– Aspect thérapeutique : elle doit également comprendre une formation à la prise en charge des TRS, avec la formation aux techniques de ventilation ainsi que la connaissance des autres aspects thérapeutiques que sont les orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) et les techniques chirurgicales ORL et maxillo-faciales.

La formation concernant les troubles respiratoires du sommeil est intégrée au DES de pneumologie.

En attendant la mise en place d’une formation spécifique transversale une formation complémentaire est requise pour les cardiologues souhaitant prendre en charge ces pathologies rencontrées dans le cadre de l’exercice de leur discipline.

Les CNP de Cardiologie et de Pneumologie établissent la liste des formations qu’ils recommandent.

1.2 Formation continue et évaluation 

Une pratique de qualité nécessite une activité régulière dans le domaine et le maintien et le perfectionnement des connaissances. Les CNP de cardiologie et de pneumologie établissent la liste des formations et des évaluations de pratiques qu’ils recommandent. Pour s’inscrire dans le cadre du Développement Professionnel Continu (DPC) il doit être fait appel à des Organismes de DPC qui ont reçu l’agrément de la Commission Scientifique Indépendante (CSI).

 

2. DIAGNOSTIC 

La polysomnographie ou la polygraphie sont des actes médicaux qui doivent être réalisés par des médecins formés à la prise en charge des troubles du sommeil (HAS).

Quel que soit le mode d’exercice : 

2.1 La polygraphie ventilatoire 

– Il s’agit d’un acte médical. Il ne peut être réalisé que par un médecin qui a été formé à la lecture et à l’interprétation des tracés. Aucune lecture automatique n’est acceptable.

– L’acte ne peut être facturé ou coté que par le médecin ayant effectué l’acte.

– L’acte diagnostique ne peut en aucun cas être délégué à un prestataire de services à domicile ou à un de ses salariés.

– Le don, le prêt ou la mise à disposition à titre gracieux d’appareils de diagnostic par les prestataires n’est pas acceptable (compérage).

– Les médecins effectuant des actes diagnostiques en médecine de ville s’engagent de ce fait à prescrire les thérapeutiques correspondantes et à assumer le suivi des patients traités. Toutefois l’organisation propre à chaque service hospitalier peut rendre inapplicable cette recommandation en médecine hospitalière.

2.2 La polysomnographie

– Elle est réservée aux pneumologues et aux médecins pouvant attester d’une formation spécifique.

– Le recours aux experts formés à la polysomnographie doit être large, et notamment lorsque l’examen polygraphique (IAH<30) ne permet pas de conclure à la présence d’un SAS sévère en présence d’une plainte de sommeil.

– La polysomnographie s’impose d’emblée chez les patients suspects d’autres troubles associés du sommeil.

 

3. THÉRAPEUTIQUE 

• Patient fumeur ou ex-fumeur (20 paquets/années) :

Un bilan pneumologique comportant des Explorations Fonctionnelles Respiratoires (EFR) est recommandé avant traitement.

• Patient obèse (IMC > 35) :

Un bilan pneumologique comportant des Explorations Fonctionnelles Respiratoires (EFR) et une analyse de l’hématose est recommandé avant traitement.

• Un bilan cardiologique comportant une échographie cardiaque est recommandé chez un patient présentant un syndrome d’apnées centrales.

 

4. SUIVI 

Le suivi de ces patients est assuré par le médecin prescripteur et sous sa responsabilité avec le concours, pour la partie technique et administrative, de prestataires de services à domicile.

Le prestataire de services à domicile ne peut, de sa propre initiative, modifier la prescription.

Il communique au médecin prescripteur les renseignements concernant le bon fonctionnement des dispositifs, les données recueillies par les dispositifs et les difficultés éventuelles rencontrées avec les interfaces. Il se conforme à la demande du prescripteur pour ce qui concerne la télé-observance et le télésuivi.

Le médecin prescripteur, muni de ces renseignements et après les avoir intégrés à sa propre évaluation clinique, est seul habilité à modifier la prescription.

image_pdfimage_print