Plan Cœur : un projet qui a de l’avenir

351 – Le colloque était organisé autour de trois tables rondes. Au cours de la première, intitulée « le coeur et ses vassaux », et animée par Olivier Mariotte, président de nile, les intervenants, le Pr Jean-François Gautier, diabétologue- endocrinologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris), le Pr Daniel Thomas, de l’institut de cardiologie de la Pitié-Salpétrière et président d’honneur de la FFC, et le Dr Richard Dorent, cardiologue à la direction médicale et scientifique de l’Agence de biomédecine, se sont appliqués à montrer que, contrairement à la représentation commune qu’on s’en fait, le coeur n’est pas un organe isolé, fonctionnant de son côté tandis que les reins, le cerveau et les autres organes en font autant du leur.

Les interactions entre le coeur et les différents organes sont extrêmement fortes, et un certain nombre de pathologies est connexe aux pathologies cardiaques, telles que les AVC ou le diabète, d’où l’importance d’un Plan Coeur pour créer une synergie entre les différentes spécialités concernées.

Un Plan Coeur pour une qualité de vie _ Les diabétiques meurent souvent de pathologies cardiaques, a souligné le Pr Jean-François Gautier, avant de rappeler que, si les avancées thérapeutiques en cardiologie sont importantes, elles ne doivent pas pour autant faire négliger la prévention : « Il est important que le discours tenu au sujet des maladies cardiovasculaires soit plus axé sur la prévention, en particulier à propos du tabac, de l’alimentation et de l’activité physique. Les gens doivent prendre conscience que ces trois éléments sont non seulement déterminants pour l’espérance de vie, mais aussi pour la qualité de vie. » A cet égard, Christian Ziccarelli, président du SNSMCV, a souligné la nécessité de créer une consultation de prévention.

Lors de la seconde table ronde, « Innovations et actualités thérapeutiques », le Pr Davy a rappelé les grands progrès thérapeutiques effectués depuis les années 1960, en particulier du fait de l’apparition de nouvelles molécules, depuis les bétabloquants et antiplaquettaires jusqu’aux antivitamines K en passant par les statines. Concernant la prise en charge des patients, le Pr Davy a souligné l’importance de l’ETP : « La part de l’éducation dans l’insuffisance cardiaque est en effet très importante pour la bonne observance, celle-ci réduisant de 30 % les hospitalisations ».

Des efforts de pédagogie en direction des patients _ Jean-Claude Boulmer, le président d’Alliance du Coeur qui a formé l’année dernière douze patients-éducateurs, a cependant rappelé que la nouveauté que constitue l’ETP nécessite un intense effort de pédagogie en direction des patients pour se déployer. Tout comme la télémédecine mise en orbite par la loi HPST, mais encore trop peu utilisée.

Dans le domaine de la cardiologie, la télésurveillance a pourtant démontré tout le bénéfice qu’elle peut apporter en termes de qualité et de sécurité, de confort de vie pour les patients et d’économies pour l’Assurance Maladie, puisqu’elle supprime les frais de transport et diminue notablement le nombre d’actes à rembourser. « L’utilisation de la télécardiologie dans le cadre de la surveillance des patients est une véritable révolution culturelle, et si sa mise en place doit se faire progressivement, elle doit également se faire sûrement », a dit le Pr Clémenty, président de la commission de télémédecine de la SFC.

Un projet qui devrait enfin voir le jour _ Enfin, le colloque s’est achevé avec la troisième table ronde, « Vers un Plan Coeur ». La démarche, initiée en 2009, a connu une avancée l’année dernière où « l’ensemble des professionnels de santé et associations de patients concernés a rejoint le mouvement et a permis la création d’un comité stratégique, d’un comité de pilotage ainsi que de six comités d’experts centrés sur les six thèmes choisis pour organiser en régions des états généraux qui permettront la rédaction d’un livre blanc qui sera remis en 2013 aux différents ministères », a résumé le Pr Claude Feuvre, président de la FFC. Ce Plan Coeur irait de la recherche jusqu’à la thérapeutique, et serait composé de plusieurs chapitres : la prévention, la recherche fondamentale et la recherche clinique, la prise en charge des pathologies, l’accompagnement des patients, etc.

Encore confidentiel, le projet devrait connaître un réel essor en 2012 avec la tenue des Etats généraux de la cardiologie, et « son avenir semble résolument positif » a conclu avec optimisme Jean-Claude Boulmer. ■(gallery)

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