CardioHebdo : pouvez-vous vous présenter ?
J’ai 42 ans et j’exerce au sein d’une SEL au Mans depuis fin 2011 après un clinicat au CHU d’Angers. J’ai une activité de cardiologue non invasif (consultation/ échocardiographie, écho d’effort et stress, ETO, épreuves d’effort) en cabinet et sur la structure du Pôle Santé Sud (Elsan).
J’ai ainsi la chance de travailler dans un groupe de 11 cardiologues rassemblant des rythmologues et coronarographistes. C’est l’un des premiers grands groupes en libéral organisé en partage d’honoraires. Cela permet une activité complète sur un plateau technique. C’est enrichissant et dynamisant de travailler ainsi en équipe.
Par ailleurs je suis également le médecin responsable de la rééducation cardiaque en ambulatoire au centre Gallouëdec de l’association SOSAN.
Enfin je participe à une consultation avancée sur un centre hospitalier local à la Ferté-Bernard où nous assurons avec mes collègues une journée de consultation/échocardiographie/épreuve d’effort par semaine.
CardioHebdo : quels sont les défis et les enjeux de votre pratique au quotidien ?
Notre défi quotidien en Sarthe est de faire face à la désertification médicale.
Notre département est classé 97e pour la démographie en médecine générale et nous sommes également en pénurie de cardiologues en ville et à l’hôpital.
Cela nous a incités à explorer toutes les possibilités d’adaptation de notre pratique : nous avons formé une de nos infirmières en technicienne d’échographie, nous employons une IPA et des assistantes médicales. Nous faisons du télésuivi d’insuffisance cardiaque avec Newcard et avons mis en place des consultations avancées sur des centres hospitaliers locaux (Ferté-Bernard, Château-du-Loir et Pôle Santé Sarthe-et-Loir).
Malgré cela nos délais de consultation sont à quasiment un an.
C’est une cause de stress car nous risquons de laisser passer des patients symptomatiques et urgents sur le chemin tout en gérant une surcharge de demandes et de gardes (nos collègues partent en retraite). Quant à la population, elle est également stressée par cette situation et nos rapports changent.
CardioHebdo : comment voyez-vous l’avenir de la cardiologie ?
L’avenir de la cardiologie c’est bien sûr continuer à se structurer en réseau pour prendre en charge une population vieillissante avec moins de médecins ! Nous sommes une spécialité très technique donc bien entendu nous devons nous saisir d’outils comme l’IA. Nous allons former et travailler avec des collaborateurs (techniciens écho, IPA, ISPIC…).
Il me semble aussi important de réfléchir à la fin de vie de nos patients insuffisants cardiaques.
Enfin nous devons être moteurs dans des réseaux de prévention et réinvestir le champ de la prévention cardiovasculaire. Celle-ci doit être le point fort de la médecine de ville.
CardioHebdo : que vous apporte le SNC ?
J’ai connu le SNC grâce à mes associés et il nous a permis de maintenir cette dynamique dans l’évolution de notre métier. Nous avons reçu information et aide pour nous entourer d’assistantes médicales, IPA, et aussi mettre en place le télésuivi. Nous sommes en train de nous structurer en ESS 72 et nous ferons prochainement partie de l’expérimentation Cardioplus.
Le SNC a encore probablement un fort rôle pour nous défendre face à l’hospitalo-centrisme de nos dirigeants.
CardioHebdo : si on vous donnait une baguette magique, que changeriez-vous, que ce soit pour la prise en charge de vos patients et travailler dans de meilleures conditions ?
Si seulement elle avait le pouvoir de déclencher cette petite voix interne qui dit « Allez on se bouge pour soi et la planète ! »
La prévention et l’écologie prennent du temps et de l’énergie… Changer les habitudes prend du temps mais c’est maintenant urgent !
CardioHebdo : le mot de la fin ?
La Sarthe peut être une belle destination verte et est très bien desservie (50 min de Paris en TGV), alors venez nous voir !
Interview réalisée par Nathalie Zenou
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