L’été n’a pas calmé la colère des médecins libéraux, toujours aussi opposés au projet de loi de santé. Actions coup-de-poing et mots d’ordre de grève se multiplient mais, campagne électorale oblige, l’unité syndicale du printemps n’est plus là.
On a vu bien des mouvements sociaux se diluer dans les chaleurs estivales… Et bien, il n’en est rien concernant la fronde des médecins libéraux contre le projet de loi de santé. La rentrée les a trouvés toujours aussi mobilisés, collectifs et coordinations ont fleuri dans les départements et les actions se sont multipliées. Ainsi « la marche pour la santé » initié par MST 71, collectif de professionnels de santé de Saône-et-Loire, a relié Châlon-sur-Saône à Château-Chinon, première sous-préfecture de France dépourvue de généralistes.
Les généralistes de l’UNOF ont fait leur tour de France en quinze étapes, marqué par des « opérations coup-de-poing » pour faire entendre leur refus de la loi de santé et appeler les médecins à la désobéissance civile avec le refus d’appliquer le tiers-payant généralisé. La désobéissance civile est d’ailleurs la stratégie retenue par la CSMF, chez ses généralistes (UNOF) comme chez les spécialistes (UMESPE). Elle se tient à l’écart – en tout cas pour l’instant – des mots d’ordre de grève et autres fermetures de cabinets.
A l’inverse, trois syndicats, le Syndicat des Médecins Libéraux (SML), Le Bloc, la Fédération des Médecins de France (FMF), ainsi que l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML) ont appelé au « blocage sanitaire » à compter du 3 octobre. Annoncée comme illimitée, cette grève pourrait n’être que temporaire, histoire de na pas brûler toutes les cartouches à la fois : s’il était important de mobiliser les médecins lors du passage de la loi devant le Sénat, il sera tout aussi important de les mobiliser quand le projet repassera à l’Assemblée Nationale pour le vote définitif, à l’automne. D’autant que, si les sénateurs ont répondu aux souhaits des médecins en modifiant largement le texte, supprimant notamment le tiers-payant généralisé, on sait que, la procédure d’urgence ayant été décrété pour ce texte, c’est l’Assemblée Nationale qui aura le dernier mot et votera un texte conforme aux volontés gouvernementales.
Une unité fissurée
Quant à MG France, tout en appelant à l’unité syndicale, mais estimant qu’il n’est pas « sérieux » de faire grève un samedi ou un dimanche (NDLR : le 3 octobre est un samedi), c’est pour le 5 octobre que le syndicat de généraliste a lancé son mot d’ordre de grève contre le tiers-payant généralisé. L’UNOF a décliné l’invitation à y participer : « c’est le pyromane qui appelle les pompiers pour éteindre l’incendie », a ironisé son président, Luc Duquesnel.
Comme en témoigne ce genre de remarques ironiques, la belle unité syndicale du printemps s’est quelque peu fissurée. La campagne pour les élections aux Unions Régionales des Professions de Santé (URPS) qui sont en cours n’y est pas étrangère, qui voit les alliés contre le projet de loi de santé devenir des candidats concurrents. n