Sport sur ordonnance et remboursé

357 – Après l’annonce par le Gouvernement de la mise en oeuvre prochaine d’une politique publique « Sport-Santé-Bien-être », c’est l’Académie nationale de Médecine qui a pris position sur le sujet. Dans un rapport intitulé « Les activités physiques et sportives – La santé – La société » rédigé notamment par deux de ses membres, les Drs Jacques Bazex et Pierre Pène, la vénérable institution fait le point sur les connaissances médicales acquises quant aux bienfaits du sport sur la santé et, a contrario, sur les effets délétères de l’absence de toutes activité physique. Outre-Atlantique, la sédentarité est d’ailleurs qualifiée de « Sedentary Death Syndrome ».

Indispensables dès l’enfance où elles « jouent un rôle essentiel, indispensable et souvent insuffisamment reconnu », les Activités Physiques et Sportives (APS) le sont tout autant à l’âge adulte et pour les personnes âgées. « Des publications de plus en plus nombreuses viennent confirmer que pratiquer des activités physiques et sportives tout au long de la vie augmente l’espérance de vie en bonne santé, retarde la dépendance, et constitue un complément thérapeutique efficace en luttant contre la sédentarité pour de nombreuses affections comme l’obésité et bien d’autres encore, sans oublier la prise en charge des sujets en situation d’handicap », indiquent les auteurs du rapport.

Des bénéfices de prévention et d’économies _ Des études ont confirmé que les APS jouent un rôle positif dans la prévention de l’obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires, mais aussi dans le suivi de certains cancers. D’autres ont mis en valeur les bénéfices économiques qui pourraient en découler. Ainsi, l’IMPAS, société affiliée au mouvement mutualiste, a calculé que l’Assurance Maladie économiserait 56 millions d’euros par an en finançant à hauteur de 150 euros une activité physique ou sportive adaptée à 10 % de patients en ALD. Quant au Centre d’Analyse Stratégique (CAS), il souligne les avantages que les entreprises pourraient tirer en favorisant la pratique sportive sur les lieux de travail : « diminution de l’absentéisme, augmentation de la capacité de travail, bien-être ».

Se fondant sur ces constats, l’Académie de Médecine en conclut tout naturellement que les APS doivent faire l’objet d’une prescription médicale « rédigée selon les règles de toute prescription médicamenteuse » et « expliquée au patient avec une même rigueur ». Nature des APS, intensité, durée et fréquence des séances, mesures associées, suivi et contrôles médicaux à observer sont les items qui devront figurer sur la prescription. Enfin, poussant la logique jusqu’au bout, et puisque les vertus thérapeutique des APS sont manifestes, l’Académie de Médecine recommande l’adoption de « nouvelles dispositions réglementaires afi n d’organiser la prise en charge de ce nouveau domaine d’activités par l’Assurance Maladie dans le cadre de sa politique de prévention, en association avec les mutuelles et les assurances privées ». Que les pouvoirs publics initient et soutiennent une politique active d’encouragement à la pratique d’activités physique est une chose. Mais par les temps de crise et de déficit de la sécu qui courent, il est peu probable qu’ils décrètent demain le remboursement du sport sur ordonnance ! ■

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