Politique vaccinale européenne : couacs et avancées inédites

L’Union européenne a fait en sorte que tous ses Etats membres puissent disposer du vaccin contre le SARS-CoV-2, une mesure inédite. Analyse

François Diévart

Certes, il y a des couacs…

Quel que soit le média qu’ils utilisent, de nombreux commentateurs semblent n’avoir que la critique non constructive pour raison d’exister, un vrai fonds de commerce.

Quand la critique est nationale, ils mettent en avant le retard de la France à vacciner, le manque de doses, l’avance de la Grande-Bretagne, les difficultés à obtenir un rendez-vous…

Quand la critique est européenne, Quand la critique est européenne, ils mettent en avant le fait que la procédure centralisée européenne n’a pas été absolument parfaite avec parfois des accords trop tardifs, un investissement financier qui aurait pu, pour certains être plus important et pour d’autres moins important, un manque de doses de vaccins, un manque de transparence dans certaines procédures.

… mais, il y a eu des avancées inédites

Ces esprits professionnellement critiques minent la confiance des populations dans le progrès et dans l’espoir d’apercevoir la fin de l’épidémie. Ils oublient cependant de nombreux éléments. Ainsi…

  • Ils oublient qu’il vaut mieux critiquer quelques couacs mais disposer d’un vaccin que de ne pas en disposer et continuer à parler de choses sans intérêts.
  • Ils oublient de rappeler que jamais le monde n’a pu disposer en si peu de temps d’un vaccin efficace.
  • Ils oublient que, plus encore, jamais le monde n’a pu disposer aussi rapidement d’un vaccin au point que déjà plus de 100 millions de personnes ont été vaccinées dans le monde début février. Et pour cela plusieurs paris risqués ont été pris : chevauchement des phases 1, 2 et 3 de l’évaluation des vaccins, mise en route des unités de production des vaccins sans même savoir s’ils seraient efficaces afin de disposer de nombreuses doses dès les premières évaluations disponibles si elles montrent une efficacité, mais au risque de « tout jeter » en cas d’inefficacité. 
  • Ils oublient que l’Union européenne a dépensé plusieurs milliards pour permettre cette stratégie lui conférant des droits sur les vaccins produits dans l’Union européenne.
  • Ils oublient que l’exécutif européen a négocié les contrats avec les développeurs des vaccins au nom des 27 États membres, évitant la compétition entre ces États (le bon vieux : « que le meilleur gagne ») et ce, afin de sécuriser 2,2 milliards de doses de vaccins pour l’ensemble des 27 Etats, soit 450 millions de personnes. Il s’agit ici d’une avancée notable car, jusqu’à présent, s’il existe bien diverses instances de régulation sanitaire européenne (comme par exemple l’Agence européenne du médicament), au-delà de certaines directives supranationales, les politiques sanitaires relevaient et relèvent encore de décisions nationales. Dans l’intérêt commun l’Europe a donc su aller au-delà de ce principe et ne pas laisser s’installer une compétition probablement plus nocive qu’utile entre les pays européens.

On peut donc critiquer, assis, sans masque et sur un plateau télé ou caché anonymement sur les réseaux sociaux, mais qu’ont fait les critiques pour améliorer la procédure ?

Sans la procédure européenne

Sans cette procédure européenne, que n’a pas respecté l’Angleterre, les vaccins auraient été distribués aux plus offrants, sans parler d’éventuelles corruptions, et dans tous les cas avec surement un manque de transparence encore plus grand. Des trafics en tout genre seraient dénoncés quotidiennement par les mêmes critiques. Il n’aurait pas été possible de brandir un accord liant un distributeur et l’Europe lorsqu’une discrimination en matière de distribution des doses a été relevée. Il n’est absolument pas sûr que la France aurait eu un nombre de doses suffisant…  

Alors les critiques ont bien évidemment le droit et le devoir d’exprimer leur opinion, qui n’est d’ailleurs que leur opinion, mais qu’ils nous expliquent en contrepartie ce qu’il aurait fallu faire, et quels sont les avantages et risques des éventuelles propositions qu’ils seraient capables de produire, le cas échéant.

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