Tout savoir sur la Covid pour passer un été tranquille

Epidémie

La reprise de l’épidémie était annoncée par la progression de l’indicateur avancé que constitue le R0. On rappelle que lorsque le R0 est supérieur à 1, l’épidémie progresse. En moins d’une semaine, le R0 est passé de 0,7 à 1,3, ce qui permet d’anticiper une progression importante de l’épidémie au moins en nombre d’infections.
Avec un R0 = 1,5, la propagation actuelle est exponentielle en termes de nouveaux cas et est intenable. Les mesures à prendre sont presque absentes du débat public en raison de la situation politique et d’un certain déni estival.

Efficacité des politiques sanitaires

La surmortalité globale est un paramètre solide pour évaluer l’efficacité d’une politique sanitaire lors d’une épidémie. La surmortalité globale observée en France lors de l’épidémie en 2020 et 2021 est de l’ordre de 7 %. Bien inférieure à celle des États-Unis à 15 %. Meilleure que celle observée en Allemagne, pays souvent cité en exemple à 11 %. Meilleure encore que celle de l’Italie.
On notera la condamnation récente au civil de l’Etat français pour l’absence de stocks de masques au début de l’épidémie. De même, les affirmations étatiques concernant l’inutilité des masques dans une affection respiratoire ont été condamnées.

Variants de l’été ?

BA.4 et BA.5, les deux nouveaux sous-lignages d’Omicron, sont devenus en mai 2022 les variants prédominants en Afrique du Sud. Ils y ont provoqué une nouvelle vague de contaminations de moindre ampleur que les précédentes.
Au Portugal, BA.5 est à l’origine d’un important rebond de l’épidémie de la Covid-19 et d’une mortalité conséquente chez les plus de 80 ans. Logiquement, la vague en cours en France est portée par BA.4 ou BA.5.

Vaccination

De l’étude anglaise de Peacock, qui a analysé le pouvoir neutralisant des sérums post-vaccination sur Omicron et ses variants BA 1, 2, 3, 4, 5, il ressort :
– une baisse de six à quinze fois du pouvoir neutralisant des sérums d’individus triplement vaccinés (deux doses suivies d’un rappel) vis-à-vis de ces quatre variants. Plus précisément, la capacité neutralisante des anticorps contre BA.4 et BA.5 est de huit à dix fois inférieure,
– la quatrième dose entraîne une augmentation de plus de dix fois le taux des anticorps neutralisants vis-à-vis de BA.4 par rapport à une vaccination limitée à seulement deux doses.

PAXLOVID (Nirmatrelvir)

La prescription de Nirmatrelvir ne semble être justifiée que chez les sujets à risque élevé de formes sévères de la Covid-19, en particulier chez ceux âgés de 65 ans et plus, ou ceux admis à l’hôpital pour cette infection, à la condition que les symptômes aient débuté dans les cinq jours (selon le résumé des caractéristiques du produit [1], mais trois jours selon l’étude clinique à l’origine de cette autorisation [4]) précédant cette admission.
À l’heure actuelle, aucune donnée clinique ne justifie la prescription de cet antiviral chez les patients qui ne présentent pas de risque particulier de formes sévères. Le Paxlovid pris après un contage est inefficace et n’empêche pas le développement de l’infection.

Conclusion

– Porter le masque dans les lieux publics fermés ou très peuplés, les transports en commun paraît être une mesure de simple bon sens.
– Cet été, la quatrième dose est très intéressante pour lutter contre BA.4 et BA.5 pour les sujets fragiles ou de plus de 80 ans, ou peut-être ceux qui ont été contaminés par le premier virus et qui sont bizarrement pénalisés en termes d’immunisation contre omicron. Cette quatrième dose permettrait de décorréler les contaminations des hospitalisations des sujets à risque.
– A la rentrée, un vaccin contre omicron et ses variants sera vraisemblablement disponible. Il faudra alors analyser les données concernant ce nouveau vaccin (fabriqué par Pfizer ou par Moderna ou par les deux) avant de se positionner sur l’intérêt de ce vaccin.

Serge Sarzotti

© lightsource/Depositphotos

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