Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

L’actualité en santé est riche, ce qui témoigne d’une vie démocratique saine. Si riche qu’on pourrait presque dire qu’elle bouillonne. Espérons que notre système de santé, pilier du contrat social, ne s’évaporera pas à la faveur de ce bouillonnement.

PLFSS annonçant une 4e année pour le DES de médecine générale, amendement proposant un conventionnement sélectif et coercitif, Cour des Comptes attaquant la convention et le paiement à l’acte et privilégiant le paiement au forfait, Ordre national des infirmiers brandissant fièrement une cartographie sans désert pour se poser en recours contre les déserts médicaux ou encore CNOM focalisant ses efforts sur les équipes de soins primaires et opposant ainsi généralistes et spécialistes…

L’automne ressemble au printemps tant il foisonne de communications, d’idées et de propositions venant de tous les horizons possibles.

Une énième usine à gaz ?

Devant un système de santé qui peine à tenir la promesse du « bon soin pour le bon patient au bon moment », ce florilège serait une bonne nouvelle s’il débouchait sur autre chose que des querelles de clocher et in fine une dilution des responsabilités des soignants.

A force de tout déléguer et de renforcer l’autonomie de chaque acteur en lui faisant croire que tout est égal et équivalent, on aboutit à une cacophonie dont on se demande comment elle pourrait accoucher d’autre chose que d’une énième usine à gaz.

Que chacun ait un rôle à jouer est certain, mais ne confondons pas Zerbinette avec Hyacinthe et Célimène avec Eliante. Si la mise en scène revient aux institutions, c’est au médecin que revient le rôle-titre sur le terrain, c’est avec lui et autour de lui que doit s’organiser la prise en charge du patient. Quant au scenario, il devrait être co-écrit.

Bref, il est urgent de remettre un pilote dans le cockpit et de faire asseoir les passagers. Sinon l’avion « Système de Santé français », fleuron de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale, pourrait bien se cracher sous l’œil médusé des patients et de ses « usagers ».

L’équipe rédactionnelle de CardioHebdo

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