Le Conseil National Professionnel de la Cardiologie devient l’interlocuteur majeur des pouvoirs publics pour l’EPP

Le Conseil National Professionnel de la Cardiologie vient de voir officiellement le jour. Porté sur les fonts baptismaux des institutions les plus prometteuses par la SFC (Société Française de Cardiologie) et par le SNSMCV (Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Coeur et des Vaisseaux), il marque non seulement une nouvelle étape dans les relations des deux organisations mais aussi et surtout de toute la spécialité.

Les relations entre le syndicat et la société savante de cardiologie qui ont pu connaître quelques cahots par le passé s’étaient réchauffées en l’an 2000 lorsque les deux formations avaient signé un protocole par lequel elles se proposaient de « réunir leurs compétences respectives sur l’organisation et la validation de la FMC ». Depuis lors, elles ont encore cheminé de concert sur le terrain de l’EPP et aujourd’hui elles ont donc décidé d’accéder à un stade supplémentaire sur le vaste chantier de « la promotion de la qualité de l’exercice professionnel pour ce qui concerne : la formation médicale continue, l’évaluation des pratiques professionnelles et de la compétence, l’accréditation de la qualité de la pratique professionnelle, les procédures de recertification, l’analyse professionnelle des recommandations et référentiels » (fin de citation).

L’objet du CNPC (encore un nouveau sigle à intégrer au glossaire de la cardiologie) est donc ambitieux et… prospectif puisqu’il se réfère à des notions et concepts qui ne sont pas d’actualité immédiate. L’autre originalité de cette nouvelle organisation est sa composition, également balisée par les statuts, adoptés par les deux formations dans leur AG respective.

Le Conseil est donc constitué, à parité, d’une représentation de six membres désignés par le syndicat et de six autres par la Société Française de Cardiologie. La première doit intégrer un représentant du Conseil National de l’Ordre, un autre du Collège National des Cardiologues Français (CNCF) et un troisième de l’UFCV (Union Nationale de Formation continue et d’évaluation en médecine Cardio-Vasculaire). La délégation de la SFC devant, de son côté, faire une place à un représentant du CNCHG (Collège National des Cardiologues d’Hôpitaux Généraux) et du CNU (Conseil National des Universités).

L’objet – tel qu’il figure aux statuts – est de garantir une absolue parité de représentation aux médecins libéraux et aux hospitaliers. Les deux délégations se réunissent en assemblée générale qui élit en son sein un bureau, luimême paritaire, de quatre membres au minimum : président, vice-président, secrétaire et trésorier. Une commission ad-hoc est également installée, première du genre, vouée à traiter du problème spécifique de l’ « Accréditation de la qualité de la pratique professionnelle ». En d’autres termes, de doter la spécialité de règles communes, partagées entre la ville et l’hôpital. Ce qui devrait combler l’aspiration publiquement exprimée du président de la HAS (Haute Autorité de Santé) de n’avoir qu’un seul interlocuteur par spécialité.

L’association aura son siège à la Société de Cardiologie, rue des Colonnes du Trône (XIIe arrondissement de Paris) et son secrétariat au Syndicat, rue Niepce (XIVe). La présidence et la vice-présidence seront assumées, en alternance une année sur deux, par le président du Syndicat et de la SFC. Le reste des statuts est conforme aux standards habituels, le Conseil étant réuni dans l’année « aussi souvent que l’intérêt de l’association l’exige sans que le nombre des réunions ne puisse être inférieur à deux par an ». La cardiologie n’est pas la première spécialité à se doter d’un tel instrument de représentation, notamment précédée par la radiologie qui n’a eu que des raisons de se féliciter de cette « synergie » de ses institutions au moment où sa composante libérale était confrontée aux « affres » de la CCAM. En rythme de croisière et lorsque ses membres s’entendent bien (la question est souvent posée à la génération suivant celle des fondateurs), cette structure s’avère une force difficilement contournable par les interlocuteurs habituels de la profession : ministère, caisses, Haute-Autorité…

Ce qui n’empêche nullement chaque formation d’exercer la totalité de ses prérogatives sur le terrain de sa légitimité propre.

La FMC et l’EPP constituaient le premier champ où la synergie des deux organisations était impérativement requise. On peut penser que l’avenir du système de santé en réserve d’autres. Et d’ailleurs, cette initiative figure au nombre des « propositions » qu’envisage le troisième Livre Blanc de la Cardiologie Libérale, aujourd’hui en gestation avancée.

Sa réalisation aura précédé sa publication de quelques semaines. Tant mieux et tous les voeux de la rédaction au dernier-né des institutions représentatives de la profession.

|« Ce qu’ils en disent »| |Pascal Guéret (Président de la SFC) – « Plutôt qu’une instance supplémentaire, regardons ce Conseil comme une instance complémentaire ! Elle est – c’est une première – paritaire entre libéraux et hospitaliers. Nous avons, en l’organisant, répondu à une suggestion de la Haute Autorité de Santé, mais toutes les spécialités n’y sont pas parvenues. Plutôt que de travailler, chacun de son côté, aux chantiers que nous assignent nos statuts : FMC, évaluation, accréditation, recertification, recommandations et référentiels, on va donc s’y atteler ensemble. Soyons pragmatiques : si ça marche, nous pourrons envisager d’aller plus loin. Au travail ».

Dominique Guedj (Présidente du Collège National des Cardiologues Français) – « J’attends de ce Comité une voix forte au plan scientifique et politique, garante de l’unité de la spécialité et porteuse de l’intérêt du patient au-delà des différences de statut. Ã même d’expliquer les problèmes sans risquer l’accusation de corporatisme, d’améliorer les conditions de travail respectives des libéraux et des hospitaliers et d’être enfin plus audible de nos interlocuteurs institutionnels ».

Claude Barnay (Président du Collège des Cardiologues des Hôpitaux Généraux) – « Il était important que les différentes familles de la Cardiologie puissent dialoguer au-delà des questions de FMC/EPP qui ont motivé ce Comité, souhaité par la HAS. Pour autant, je crois qu’on “avancera en marchant”… Ce qui est important c’est que les libéraux et les hospitaliers se retrouvent à parité dans une même instance ».

Jean-François Thébaut (Président du Syndicat National des Spécialistes des Maladies Cardio-Vasculaires) – « J’attends du Conseil une synergie d’action sur tous les sujets relatifs à la qualité de l’exercice professionnel dans tous les sens du terme et au bénéfice de toutes les composantes de la profession. J’en attends donc une plus grande efficacité dans nos relations avec les institutions que sont les tutelles (ministère, DHOS…), l’Assurance Maladie, la HAS, les CNFMC… Cette synergie s’est déjà exprimée récemment lorsqu’il a fallu procéder à la révision de l’AcBUS-AAP qui avait été conçu par ses promoteurs sans prendre l’avis ni du syndicat ni de la société savante ».|(gallery)

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