Surprise des organisations et fédérations hospitalières et des représentants de professionnels (en l’occurrence la Société Française de Cardiologie) présents autour de la table et qui n’y retrouvaient aucune des modifications antérieurement souhaitées.
Les seuils retenus, notamment, posent un authentique problème : l’administration a retenu celui de 400 angioplasties par an et par centre, suggéré par une recommandation de la SFC de 2000. Bien que ladite SFC a fait valoir que ses recommandations n’avaient, déjà à l’époque, pas de vocation réglementaire, elle souligne opportunément aujourd’hui que ces chiffres reposaient sur une analyse de la littérature des années 1990, rendues partiellement obsolètes du fait de l’évolution du matériel (sondes, cathéters à ballonnet porteurs de stents) qui facilite grandement la réalisation des gestes.
D’autres questions n’ont pas reçu de réponses satisfaisantes dans l’enceinte du CNOSS, notamment le problème des délais et conditions d’application : avait notamment été acté le principe de coopérations possibles entre établissements qui n’apparaît plus dans le schéma envisagé sinon dans un délai couperet de 6 mois.
L’impact de cette disposition serait drastique puisque, d’après les fédérations hospitalières, le nombre de centres éligibles passerait de 295 actuellement (175 publics et 120 privés) à 123 (66 publics et 57 privés) pour un seuil à 400 angioplasties par centre et par an ou 153 en cas de seuil à 300 (84 publics et 69 privés). Avec, par la force des choses, un impact régional potentiellement délétère laissant certaines régions dotées de quelques centres seulement.
En tout état de cause, ce projet de décret entraînerait une remise en cause très significative de l’offre de soins de prise en charge des syndromes coronariens aigus, quand bien même l’urgence d’une angioplastie primaire, ou dans le décours immédiat d’une thrombolyse, fait aujourd’hui consensus. On imagine mal, notamment, que les délais de 90 mn (dont 45 de transport) pourraient devenir réalistes dans les régions où ne seraient plus autorisés que quelques centres seulement séparés par une trop grande distance.
Une nouvelle réunion spécifique a eu lieu au ministère. Les experts ont défendu leurs positions et proposé une solution transitoire à 20 % du seuil de 400, soit de 320 angioplasties annuelles, avec une collaboration avec les gros établissements impliquant la prise de gardes ou d’astreintes mutualisés. La SFC a proposé d’y inclure une démarche qualité par la participation obligatoire aux registres (dont elle assure déjà l’exploitation).
On rappellera également aux tutelles que si la France a acquis sa position enviable dans le palmarès des nations en terme de réduction de la mortalité coronarienne, c’est aussi grâce au travail des cardiologues interventionnels qu’il serait injuste de priver de leur outil de travail au bénéfice de la santé publique.
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