Marc Thomas, Champagne-Ardenne : « C’est l’insuffisance cardiaque qui représente le prochain défi de la cardiologie libérale »

337 – CardioNews – Le Cardiologue : Vous venez d’être élu à l’URPS (Union Régionale des professionnels de Santé-Médecins) sur la liste SML. Pour quoi y faire ?

Marc Thomas : La question se pose en effet dès lors que le rôle de l’URPS est encore un peu flou … J’ai le sentiment – même s’il s’agit d’une impression un peu diffuse – que cette structure est appelée à occuper un espace plus politique que les URML précédentes. Pour autant et à ce jour, nous récupérons leurs locaux et leur personnel et ma conviction est que ce sont les ARS qui, attelées à la construction des différents SROS (Schémas Régionaux d’Organisation Sanitaire) vont nous légitimer ou non dans la reconnaissance et la concertation !

Il y a 3 cardiologues sur 30 élus, vous devriez donc trouver un espace d’expression…

M. T. : Il y a deux raisons à cela. D’une part, Jean-François Thébaut nous avait exhorté à entrer dans le scrutin au motif qu’il vaut mieux « être dedans que dehors ». Et d’autre part, la cardiologie avait assez mal vécu l’initiative de l’ARH précédente de tirer un trait sur toute la rythmologie libérale. Le dossier est toujours en discussion – je le suppose jusqu’au prochain SROS – mais du moins sommes-nous désormais en situation de nous faire entendre ! La victoire du tandem CSMF-SML, assez fort dans la région, nous laisse augurer une meilleure écoute mais il faudra la valider dans les faits !

La tandem CSMF-SML c’est dans la région, aussi un tandem de cardiologue avec votre confrère Bernard Carette…

M. T. : On se connaît depuis le lycée et on ne s’est jamais vraiment quittés, y compris dans l’animation du Syndicat. Mais il faut bien être deux pour assumer …. Vous savez que le piège qui nous tendu est assez souvent d’organiser les réunions en plein milieu d’après-midi ! Contrainte qui s’ajoute à la distance, près de 400 km d’un bout à l’autre de la région.

Région dont on connaît aussi les problèmes démographiques. Sont-ils en voie d’aggravation ou de résorption ?

M. T. : D’aggravation en médecine générale, de résorption en cardiologie, du moins libérale à la suite du « passage au privé » de l’agrégé du CHU suivi par quelques copains. Dans mon propre groupe, à la clinique Saint-Vincent d’Épernay, nous étions initialement quatre avec deux départs en retraite a priori non remplacés. Or ca y est, un jeune va nous rejoindre au 1er janvier ; et j’espère bien qu’il sera suivi par d’autres ! Il n’empêche qu’en Champagne comme ailleurs l’avenir de la cardiologie libérale est très compromis dans les sous-préfectures de 30 à 50 000 habitants. Les jeunes ne sont paradoxalement plus trop tentés par l’exercice clinique mais bien plus par l’interventionnel. A mon avis à tort parce que le plus gros chantier à venir sera de gérer l’épidémie d’insuffisance cardiaque. C’est ce défi-là qui, malgré l’éventuel apport de la télémédecine, va devoir mobiliser l’essentiel des énergies.

Avez-vous pris connaissance du Rapport Hubert et qu’en pensez-vous ? _ M. T. : Je n’ai pas lu les 170 pages mais j’ai parcouru ce qu’en a rapporté la presse. Je suis évidemment déçu qu’elle n’ait eu aucun mot pour la médecine spécialisée qu’il faut évidemment qualifier « de proximité ». Car enfin, que serait la PdS sans notre contribution ? … J’avais écouté Elisabeth Hubert quand elle avait participé, l’an passé, à l’AG pour nous dire « Prenez-vous en mains » … Mais encore faut-il avoir un minimum d’audience et de relais. Pour l’instant le syndicalisme est surtout l’affaire des quinquas/sexas … Et paradoxalement c’est à nous qu’incombe de défendre l’avenir des jeunes. J’espère qu’ils rentreront dans la bataille si, comme on le dit, la chirurgie cardiaque est menacée à Reims… Public ou privé, l’enjeu est le même !

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