9 décembre 2024

Nous avons vu dans notre précédent numéro (Le Cardiologue 456)  le principe et l’importance de la bio-impression dans la recherche, les fondements, les applications et les récentes avancées dans le domaine de la santé. Nous faisons le point dans cette deuxième partie des limites vues les contraintes technolgiques actuelles et les perspectives futures.

Pascal Wolff – Le Cardiologue n° 456 – janvier-février 2024

LES DÉFIS ET LES LIMITES

Les fondements de la bio-impression reposent sur des principes visant à reproduire la complexité des tissus biologiques en s’appuyant sur l’utilisation des techniques d’impression 3D pour construire des structures tridimensionnelles complexes à partir de matériaux biologiques. L’objectif est de créer des tissus et des organes fonctionnels capables de s’intégrer dans le corps humain.

La bio-impression fait face depuis plusieurs années aux limites de la technologie, de problèmes éthiques et de compatibilité et d’acceptation clinique des receveurs.

• Les contraintes technologiques actuelles, malgré les avancées, représentent l’un des principaux obstacles de l’évolution de la bio-impression. Les imprimantes 3D spécialisées n’ont pas une précision pour reproduire naturellement la complexité microscopique des tissus. Les résolutions limitées peuvent directement influer sur la fonctionnalité des organes imprimés.

• Les problèmes éthiques, de leur côté, soulèvent des questions morales. Les cellules souches embryonnaires humaines (CSE), par exemple, sont au centre des controverses éthiques en raison de leur dérivation d’embryons humains. 
L’utilisation de cellules souches pluripotentes induites (CSPi) constitue un autre défi éthique malgré ses promesses dans la médecine régénérative (1), l’une des préoccupations majeures étant le risque de reprogrammation anormale au cours du processus d’induction des CSPi.

• Le défi de l’acceptation clinique se pose également. L’organe bio-imprimé intégré dans le corps du receveur reste une préoccupation avec les réactions immunitaires, le risque de rejet et la nécessité d’assurer la fonctionnalité optimale de l’organe artificiel. Ces défis complexes nécessitent une compréhension approfondie des interactions biologiques.

Il faudra également une approche globale entre les laboratoires afin de réunir, comparer les résultats et  de réaliser des protocoles universels. Une normalisation est donc nécessaire afin garantir des résultats et une validation clinique.

 

LES PERSPECTIVES FUTURES

Malgré ces difficultés, les perspectives futures de la bio-impression médicale pourraient jouer un rôle crucial dans des domaines émergents tels que la médecine personnalisée et la régénération tissulaire avancée.
Personnaliser la réalisation d’organes et de tissus en fonction des caractéristiques génétiques et physiologiques de chacun permettrait un traitement des maladies de manière plus ciblée et efficace avec un développement sur mesure des organes et des tissus, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour des thérapies plus efficaces et mieux tolérées.
Le coût. La bio-impression, en offrant une production d’organes sur mesure, pourrait réduire la dépendance vis-à-vis des greffes d’organes traditionnelles et des traitements coûteux, ce qui pourrait contribuer à terme à une diminution des coûts de santé associés aux procédures complexes de transplantation.

 

EN CONCLUSION

En récapitulant les points clés, cette technologie d’impression 3D permet une fabrication sur mesure d’organes et de tissus, en offrant des solutions novatrices pour la transplantation et la régénération tissulaire.
Les progrès technologiques récents ont surmonté certains défis, mais des obstacles subsistent, comme nous l’avons vu, notamment sur le plan éthique et clinique. Malgré cela, l’avenir de la bio-impression sur la santé est important, ouvrant la voie à une médecine personnalisée, plus efficace et accessible. Les perspectives futures s’annoncent prometteuses, avec la possibilité de personnaliser les traitements, de réduire les coûts de santé, et d’apporter des avancées significatives dans la médecine régénérative.
L’intelligence artificielle promet également de redéfinir les normes de la bio-impression. La bio-impression représente un chapitre passionnant dans l’histoire de la médecine, invitant à l’optimisme quant à son potentiel révolutionnaire.

Dans notre précédent numéro [A voir ici] :

Les fondements Les applications en santé Les avancées récentes

(1) La médecine régénérative (ou médecine régénératrice) est un domaine interdisciplinaire de recherche et d’applications cliniques axée sur la réparation, le remplacement ou la régénération de cellules, de tissus ou d’organes pour restaurer une fonction altérée » du corps humain.

Source : Frezone, Wikipedia, 3Dnatives

© ipopbas – fr.depositphotos

Vérifiez vos adresses mails !

Il n’y a pas que votre ordinateur qui peut être piraté. Vos adresses mails on pu être subtilisées dans d’autres bases de données (Santé, Gafam, réseaux sociaux…). Pour le savoir et éviter une usurpation de votre identité, de l’hameçonnage ou autre méfait, vérifiez auprès du site  haveibeenpwned s’il y a eu violation de vos adresses. Si tel est le cas, le site vous indique sur quels sites vos données ont été volées… et changez vos mots de passe.

la CNIL et vos données

Le médecin libéral doit donc protéger ses données personnelles et médicales. Pour ce faire, il doit passer par des protocoles précis : hébergement certifié données de Santé avec demande préalable auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). 

 

La CNIL a récemment sanctionné deux médecins libéraux pour ne pas avoir suffisamment protégé les données de leurs patients, des milliers d’images médicales hébergées sur des serveurs étaient en accès libre. Toutes ces données pouvaient donc être consultées et téléchargées, et étaient, selon les délibérations de la CNIL, « suivies notamment des nom, prénoms, date de naissance et date de consultation des patients ». Le problème venait simplement d’un mauvais paramétrage de leur box internet et du logiciel d’imagerie qui laissait en libre accès les images non chiffrées.

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L’ESPRIT DERRIÈRE LE DR. GUPTA

 

Si l’on ne connaissait pas le personnage Martin Shkreli, on pourrait presque croire que Dr. Gupta aurait été créé pour remplacer les visites chez le médecin et de réduire ainsi les frais médicaux. « Une grande quantité de demandes d’informations sur les soins de santé et de décisions peuvent être prises par l’IA » selon son concepteur. Mais l’empathie médicale et humaine est loin de faire partie de la personnalité de Martin Shkreli qui table pour sa part sur une véritable ruée vers l’or de l’IA. 

Si certains médecins (voir Le Cardiologue 450) se sont déjà associés à cette technologie dans leur pratique médicale, ce sont surtout les patients qui jettent leur dévolu sur ces sites « médicaux » en se passant d’un véritable avis médical (songez à la vieille dame qui pourrait penser qu’elle parle à un vrai médecin… certains se persuadant qu’une intelligence artificielle générative est humaine et c’est là tout le risque de notre comportement). Un jeune chercheur dans le domaine de la santé s’est récemment donné la mort après avoir discuté six semaines avec Eliza, son chatbot, qui était devenue sa confidente, son obsession, et qui ne se permettait jamais de le contredire mais au contraire appuyait ses plaintes et encourageait ses angoisses.

 

NEUTRALISER L’IA DANS L’AVENIR ?

 

Respect des droits d’auteur, protection des données personnelles, engagement de la responsabilité civile… L’utilisation de l’IA générative pose des questions de législation inédites. L’Union européenne s’y est penchée avec la loi sur l’intelligence artificielle (Artificial Intelligence Act) qui présente une approche pour le respect des droits fondamentaux des citoyens et les valeurs de l’UE. 

Cette loi divisera les applications en trois catégories de risques et devrait voir le jour en 2025.

La Cnil lance également un plan d’action sur l’IA générative avec des règles claires et protectrices des données personnelles des citoyens européens (trois plaintes ont été déposées auprès de la Cnil sur Chat-GPT à propos de la collecte des données et les nombreuses erreurs factuelles incluses dans ses réponses).

Au niveau européen, une task force sur Chat-GPT a été lancée afin de « favoriser la coopération et l’échange d’informations sur de possibles actions ».

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LES NFT, C’EST QUOI EXACTEMENT ?

Les jetons non fongibles (NFT) sont des certificats de propriété stockés sur une blockchain. Ces jetons numériques permettent de certifier l’authenticité d’un objet qui lui est associé en achetant un code (ou un certificat)

Contrairement à la monnaie telle qu’on la connaît (ou aux cryptomonnaies), chaque NFT est unique ou non fongible, c’est-à-dire qu’il ne peut être échangé contre quelque chose de valeur égale. 

Le marché de l’art est en pleine révolution grâce aux NFT. Mike Winkelmann (Beeple) a vendu une photo numérique pour plus de 69 millions de dollars chez Christie’s. Et pourtant, cette photo est consultable et téléchargeable sur internet, contrairement à un tableau « réel ». Alors, pourquoi acheter une telle œuvre de cette manière ? Et bien tout simplement parce que celle-ci a été vendue avec son NFT qui la rend unique et traçable. Ce certificat signe bien sûr l’œuvre de l’artiste et indique qui l’a vendue, qui l’a achetée et pour quelle somme et à quelle date. Cette œuvre « numérique » peut donc être cédée en enchère… et si la valeur de la cryptomonnaie qui a permis d’acquérir le certificat NFT augmente, la valeur de cette œuvre augmentera  pour le possesseur du NFT.

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