335 – Pour nous autres, Français, la cause est entendue, les États-Unis sont un pays où il vaut mieux être « riche et en bonne santé que pauvre et malade ». Si la télévision, à travers les feuilletons « Urgences » ou « Dr House » ont tenu en haleine des millions de téléspectateurs en leur donnant à voir des images d’une médecine efficace, semblant n’avoir aucune limite lorsqu’il s’agit de sauver des vies humaines, ils savent aussi que quelque 40 millions d’Américains en sont à l’écart, faute d’une couverture sociale qu’ils n’ont pas les moyens de se payer.
La plus belle conquête du XXe siècle
Oubliant un peu vite qu’après tout, la CMU n’a que dix ans d’existence, les Français sont fiers – et à juste titre – de leur système de santé et d’Assurance Maladie, l’une des plus belles conquêtes sociales du siècle dernier, et considèrent comme choquant que le pays le plus riche du monde ait un système de santé individualiste et privatisé qui exclut des soins une part non négligeable de sa population. Ils ont d’ailleurs applaudi des deux mains la réforme que le président Obama est parvenu, non sans mal, à faire adopter dans un climat de controverses et de polémiques, beaucoup d’Américains y voyant une étatisation, une collectivisation de leur système, ce que ces libéraux dans l’âme reprochent au système français.
Système français versus système américain
C’est dans ce contexte que Didier Tabuteau, conseiller d’État, responsable de la chaire santé de Sciences Po et du Centre d’analyse des politiques publiques de santé à l’EHESP, et Victor Rodwin, professeur en gestion et politique de santé à la Wagner School of Public Service, New York University, et titulaire de la chaire Tocqueville-Fulbright, Université de Paris Sud, ont eu envie d’examiner de près ces deux systèmes de santé, de confronter leurs réformes respectives. Surprise ! A bien des égards, le système français est plus proche du système américain que de ceux de ses voisins anglais ou suédois, surtout depuis qu’il tend à rapprocher les secteurs public et commercial d’hospitalisation, et à faire une place de plus en plus importante aux assurances complémentaires privées. Quant aux médecins français qui se cabrent volontiers contre l’étatisation supposée de notre système, ils seront étonnés de découvrir que si leurs confrères d’outre- Atlantique sont, certes, rémunérés beaucoup mieux qu’eux, c’est en contrepartie d’une stricte observance des normes, protocoles et autres guide-lines propre à l’Evidence Based Medicine (EBM), et que les assureurs et HMO savent faire respecter…(gallery)